2020, l’année de la fin de Gaza

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2020, the Year of the End for Gaza
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2020, the Year of the End for Gaza

2020, l’année de la fin de Gaza

Gideon Levy

Jan 02, 2020 2:09 AM

2 janvier 2020, 2 h 09 (du matin)

 

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A Palestinian family warm themselves by a fire during a cold weather spell in a slum on the outskirts of the Khan Younis refugee camp, southern Gaza Strip, Dec. 31, 2019.AP Photo/Khalil Hamra

Une famille palestinienne se réchauffe près du feu pendant une vague de froid dans un bidonville proche du camp de réfugiés de Khan Younis* dans le sud de la bande de Gaza. AP Photo : Khalil Hamra (ici AP est l’acronyme de Associated Press, pas de Autorité Palestinienne, faut pas se mélanger les pinceaux… NdTalus)

 

That’s how it goes when you’re having fun. Time flies. Eight years ago, in 2012, the United Nations issued a report entitled “Gaza in 2020: A livable place?” The answer was contained in the body of the report – no. Not unless steps are taken to save it.

 

No real steps have been taken but the projections in this severe report were also not borne out: The situation is much worse than it predicted.

On January 1, 2020, the year of the end for Gaza began. As of January 1, 2 million human beings are living in a place that is not livable.

There’s a Chernobyl in Gaza, an hour from Tel Aviv. And Tel Aviv is not bothered by that. Nor is the rest of the world. News reviews of the past decade included everything else, just not the humanitarian disaster in Israel’s backyard for which Israel, first and foremost, is to blame, is responsible.

 

Instead of taking responsibility for expelling and driving them to Gaza in 1948 and attempting to compensate and atone for what was done, through rehabilitation and assistance, Israel is continuing to pursue the policies of 1948 in a different way: a cage instead of expulsion, jail instead of ethnic cleansing, siege instead of dispossession.

It’s doubtful there are many other regions of the world where disasters have lasted continuously for over 70 years, and all of it the product of malicious human acts. The memory of Gaza should have hounded us day and night. Instead, Gaza is forgotten. Only the firing of a Qassam rocket is capable of providing a reminder that it exists.

 

When the UN report was written, the unemployment rate in Gaza was 29 percent. Eight years have elapsed, and now, according to the World Bank, the jobless rate there has reached an unimaginable 53 percent – 67 percent among young people.

 

Does anybody get that? Sixty-seven percent unemployment. Does anyone understand what such a life is like, when a big majority of young people have no present and no future?

Hamas is the guilty party. Hamas is guilty of everything. And Israel? Not at all. What repression, denial and brainwashing does this require? What lies and inhumanity and cruelty? A country that has dispatched rescue missions to the ends of the earth is revoltingly apathetic to the disaster it has created on its border, and is even compounding the situation.

 

About half of the residents of the Gaza Strip live on less than $5.50 a day. In the occupied West Bank, by comparison, only 9 percent of the population subsists on such a sum.

Hamas is guilty. As if it has imposed the siege. It is obstructing exports, imports, places of employment. It is firing at Gaza’s fisherman. It is preventing cancer patients from getting medical treatment. It has bombed Gaza, killing thousands of civilians and destroying countless homes. Obviously.

The 2012 UN report predicted that in 2020, Gaza would need at least 1,000 more doctors. But in the Gaza of 2020, 160 doctors have left within the past three years. Anyone who can leaves.

 

A young surgeon at Gaza’s Shifa Hospital, Dr. Sara al-Saqqa, told The Guardian last week that she earns $300 for 40 days’ work. Were it not for her elderly mother, she too would have left.

There’s worse to come. Ninety-seven percent of Gaza’s water supply is unfit for consumption, as the UN report forecast. Fully 100,000 cubic meters of sewage a day flows into the Mediterranean, which is also our sea. Ashkelon is bathing in Gaza’s sewage, but that isn’t bothering anyone either.

 

Three years after the UN report was issued, the United Nations published its 2015 report. Israel’s 2014 war in Gaza, Operation Protective Edge, had uprooted half a million people from their homes and left Gaza crushed. But that too prompted nothing more than a big yawn. And then came the 2018 report, this time from the World Bank: The Gazan economy was in critical condition. Let them suffocate. Israel stands with Naama Issachar, the Israeli woman in jail in Russia, who has been transferred to another prison.

 

C'est comme ça que ça se passe quand on s'amuse. Le temps passe vite. Il y a huit ans, en 2012, les Nations Unies ont publié un rapport intitulé " Gaza en 2020 : Un endroit vivable ? " La réponse est contenue dans le corps du rapport : non. Non, à moins que des mesures soient prises pour la sauvegarder.

Aucune mesure réelle n'a été prise, mais les projections de ce rapport sévère n'ont pas non plus été confirmées : la situation est bien pire que prévu.

Le 1er janvier 2020, l'année de la fin pour Gaza a commencé. Au 1er janvier, 2 millions d'êtres humains vivent dans un endroit qui n'est pas vivable.

 

Il y a un Tchernobyl à Gaza, à une heure de Tel-Aviv*. Et Tel-Aviv n'est pas gênée par cela. Le reste du monde non plus. Les revues de presse de la dernière décennie ont inclus tout le reste, mais pas la catastrophe humanitaire dans l'arrière-cour d'israël, dont israël, d’abord & avant tout, est à blâmer, est responsable.

 

Au lieu de prendre la responsabilité de les expulser et de les conduire à Gaza en 1948 et de tenter de compenser et d'expier ce qui a été fait, par le biais de la réhabilitation et de l'assistance, israël continue de poursuivre les politiques de 1948 d'une manière différente : une cage au lieu de l'expulsion, la prison au lieu du nettoyage ethnique, le siège au lieu de la dépossession.

Il est douteux qu'il y ait beaucoup d'autres régions du monde où les catastrophes durent sans interruption depuis plus de 70 ans, et que tout cela soit le produit d'actes humains criminels. La mémoire de Gaza aurait dû nous hanter jour et nuit. Au lieu de cela, Gaza est oubliée. Il n’y a que le tir d'une roquette Qassam qui soit capable de nous rappeler qu'elle existe.

 

 

Lorsque le rapport de l'ONU a été rédigé, le taux de chômage à Gaza était de 29 %. Huit ans se sont écoulés et maintenant, selon la Banque mondiale, le taux de chômage y a atteint un inimaginable 53 % - 67 % chez les jeunes.

 

 

Est-ce que quelqu'un se rend compte de cela ? Soixante-sept pour cent de chômage. Quelqu'un comprend-il à quoi ressemble une vie, quand une grande majorité de jeunes n'a ni présent ni avenir ?

Le Hamas est le coupable. Le Hamas est coupable de tout. Et israël ? De rien du tout. Quelle répression, quel déni et quel lavage de cerveau cela nécessite-t-il ? Quels mensonges, quelle inhumanité et quelle cruauté ? Un pays qui a envoyé des missions de sauvetage au bout du monde est révoltant d'indifférence face au désastre qu'il a créé à sa frontière, et dont il aggrave même la situation.

 

Environ la moitié des habitants de la bande de Gaza vivent avec moins de 5,50 dollars (5€) par jour. En Cisjordanie occupée, par comparaison, seuls 9 % de la population survivent avec une telle somme.

Le Hamas est coupable. Comme s'il avait imposé le siège. Il entrave les exportations, les importations, les possibilités d'emploi. Il tire sur les pêcheurs de Gaza. Il empêche les malades du cancer de recevoir des traitements médicaux. Il a bombardé Gaza, tuant des milliers de civils et détruisant d'innombrables maisons. C'est l’évidence même.

Le rapport de l'ONU de 2012 prévoyait qu'en 2020, Gaza aurait besoin d'au moins 1000 médecins de plus. Mais dans la bande de Gaza de 2020, 160 médecins sont partis au cours des trois dernières années. Tous ceux qui le peuvent partent.

Une jeune chirurgienne de l'hôpital Shifa de Gaza, la Dr Sara al-Saqqa, a déclaré au Guardian la semaine dernière qu'elle gagnait 300 dollars pour 40 jours de travail. Sans sa mère âgée, elle serait partie elle aussi.

Il y a pire à venir. Quatre-vingt-dix-sept pour cent de l'approvisionnement en eau de Gaza est impropre à la consommation, comme le prévoit le rapport de l'ONU. Au total, 100 000 mètres cubes d'eaux usées par jour se déversent dans la Méditerranée, qui est aussi notre mer. Ashkelon* baigne dans les eaux usées de Gaza, mais cela ne dérange personne non plus.

 

Trois ans après la publication du rapport de l'ONU, les Nations Unies ont publié leur rapport pour 2015. La guerre israélienne de 2014 à Gaza, l'Opération " bordure protectrice ", a déraciné un demi-million de personnes de leurs foyers et laissé Gaza écrasée. Mais cela aussi n'a provoqué rien de plus qu'un grand bâillement. Et puis vint le rapport de 2018, cette fois de la Banque mondiale : l'économie de Gaza était dans un état critique. Laissons-les dépérir. israël soutient Naama Issachar**, l’israélienne emprisonnée en Russie, qui a été transférée dans une autre prison.

 

 Gideon LevyGideon Levy

 

L’article d’origine & les commentaires (en anglais) sont ICI.

 

* : Ashkelon : ville balnéaire israélienne entre Gaza & Tel-Aviv

Situation de Khan Younis etc

Situation de Khan Younis, Gaza, Ashkelon & Tel Aviv d’après via Michelin.

 

** : Naama Issachar : est accusée de trafic de drogue & nétanyahou a demandé à poutine de la faire libérer (cible du lien en anglais).

 

Voilà, cette annexe au Talus est terminée, merci de l’avoir lue & de diffuser l’adresse du site :

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… si vous en voyez l’intérêt.

 

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