Après plus de 50 ans de soutien à l’occupation israélienne, que pensait exactement la gauche israélienne qu’il puisse arriver ?

Après plus de 50 ans de soutien à l'occupation israélienne, que pensait exactement la gauche israélienne qu’il puisse arriver ?

Carte Annexes

After More Than 50 Years of Supporting Israel’s Occupation, What Exactly Did the Israeli Left Think Would Happen?

The aftermath of the elections have shown that Israeli society has become partly religious and largely racist, with hatred of Arabs being its main fuel, with no one to stand against it

Après plus de 50 ans de soutien à l'occupation israélienne, que pensait exactement la gauche israélienne qu’il puisse arriver ?

Les résultats des élections montrent que la société israélienne est devenue partiellement religieuse & largement raciste, avec la haine des Arabes comme principal moteur & personne pour s’y opposer.

 

Itamar Ben-Gvir seen during Israel's election on Tuesday.

Itamar Ben-Gvir seen during Israel's election on Tuesday.Credit: Ilan Assayag

itamar ben-gvir lors des élections israéliennes de mardi dernier (1er novembre 2022). Photo : Ilan Assayag.

 

Gideon Levy Gideon Levy

3 novembre 2022

 

What did you think would happen? What was the Zionist left, which sank into a coma after the Oslo Accords, thinking? That it was possible to return to power out of a coma? Empty-handed? Without an alternative and without leadership? Solely on the basis of hatred for Netanyahu? Aside from that, it had nothing to offer.

No one should be surprised by what happened. It could not have been otherwise. It began with the occupation – pardon the annoying and clichéd mention of that – but that is where it really began, and it had to culminate in a government of racism and transfer. Fifty years of incitement against the Palestinians and scare tactics about them cannot culminate in a government of peace. Fifty years of almost wall-to-wall Israeli support, from the Zionist left and right, for the occupation, could not end any other way than with Ben-Gvir as the popular hero. A never-ending occupation could only lead to the Benjamin Netanyahu-Itamar Ben-Gvir government. For if you’re going to have an occupation, then you need to embrace its genuine version, the one that is not the least bit abashed about it – the Ben-Gvir version.

It was simply impossible to continue with the illusions – Jewish and democratic, an enlightened occupation, a temporary occupation – and that whole tired repertoire of phrases. The time for truth had arrived, and that is what Netanyahu and Ben-Gvir are going to tell us.

Yesterday, Israel awoke to the dawn of a new day, in which all the stammering and euphemisms have become a thing of the past. From now on, the occupation is just that, and the same goes for Jewish supremacy in Israel. From now on, Zionism will be promoted to the level of overt racism. Yesterday, the death of the Green Line was also officially declared: The occupation is here, everywhere. Anyone who thought that what happens in Yitzhar stays in Yitzhar was only fooling themselves. Anyone who thought that Yesha is there and not here was mistaken. For a long time now, Yesha has been taking great strides closer to Israel, with its ingrained nationalism and fundamentalism, and in all these years, no one arose to stop it. Now it is too late. Two days ago, the move was completed.

 

Que pensiez-vous qu'il allait se passer ? Que pensait la gauche sioniste, qui a sombré dans le coma après les accords d'Oslo ? Qu'il était possible de revenir au pouvoir en sortant du coma ? Les mains vides ? Sans alternative et sans leadership ? Sur la seule base de la haine de netanyahou ? À part cela, elle n'avait rien à offrir.

 

Personne ne devrait être surpris par ce qui est arrivé. Il ne pouvait en être autrement. Cela a commencé avec l'occupation, pardon de mentionner cet ennuyeux cliché, mais c'est par là que cela a vraiment commencé et que cela devait culminer dans un gouvernement de racisme et de transfert*. Cinquante ans de provocations des Palestiniens et de manœuvres destinées à les terroriser ne peuvent aboutir à un gouvernement de paix. Cinquante ans de soutien israélien presque constant de la gauche et de la droite sionistes à l'occupation, ne pouvaient se terminer autrement qu'avec ben-gvir comme héros populaire. Une occupation sans fin ne pouvait que conduire au gouvernement benjamin netanyahu-itamar ben-gvir. Car si vous devez avoir une occupation, alors vous devez accepter sa version authentique, celle qui n'en éprouve pas la moindre gêne : la version ben-gvir.

* transfert est le nom " officiel " en israël des expulsions de Palestiniens de leurs maisons, terres...

Il était simplement impossible de continuer dans l’illusion : " juif et démocratique ", " une occupation éclairée ", " une occupation temporaire "  et tout ce répertoire d’expressions usées. Le temps de la vérité était atteint, et c'est ce que netanyahou et ben-gvir vont nous dire.

 

Hier, israël s'est réveillé à l'aube d'un nouveau jour, dans lequel tous les balbutiements et les euphémismes appartiennent désormais au passé. Dorénavant, l'occupation est simplement là, et il en va de même pour la suprématie juive en israël. Désormais, le sionisme sera promu au rang de racisme manifeste. Hier, la mort de la ligne verte a également été officiellement déclarée (1) : l'occupation est ici, partout. Quiconque pensait que ce qui se passe à Yitzhar* est limité à Yitzhar ne faisait que se tromper. Quiconque pensait que Yesha** est là-bas et pas ici se trompait. Depuis longtemps maintenant, Yesha se rapproche à grands pas d'israël, avec son nationalisme et son fondamentalisme enracinés, et pendant toutes ces années, personne ne s'est levé pour l'arrêter. Maintenant, il est trop tard. Il y a deux jours, la transformation a été achevée.

*  Yitzhar : un " avant-poste " de colons d’extrême droite (pas sûr qu’ils ne le soient pas tous) immodérément violents (à l’égard des Palestiniens, évidemment).

** Yesha (cible du lien en anglais) est un acronyme hébreu pour "Judée, Samarie, Gaza" (יהודה שומרון עזה, "Yehuda Shomron 'Azza"), une zone géographique correspondant à peu près à la Cisjordanie et la bande de Gaza réunies.

1 : voir aussi : israël interdit à la municipalité de Tel Aviv de mettre des cartes de la Ligne Verte dans les écoles

 

 

 

There is no point in pursuing a blame campaign now – Yair Lapid siphoned off Labor votes, Labor didn’t merge with Meretz, Balad didn’t go with the Joint List. These things would have amounted to temporary pain relievers for a terminal illness. Even if all that would not have happened, nothing about the overall picture would have been different: The society that has arisen here is partly religious and largely racist, with hatred of Arabs being its main fuel, and there was no one to stand against that.

 

 

 

 

 

What happened two days ago did not begin two days ago. Maybe Golda Meir started it, maybe Shimon Peres, but in any event, none of their successors tried to go another way to stem the tide. Did you really think that Yair Lapid, a moderate and hollow rightist, filled with good intentions, was capable of offering an alternative to Ben-Gvir? What alternative? To kill gently? To embrace Emmanuel Macron? Now Israel has decided it prefers not to be gentle when it comes to killing. The next government will at least avoid the self-preening.

 

Il est inutile de poursuivre une campagne de reproches maintenant. Yair Lapid* a siphonné les votes travaillistes, les travaillistes n'ont pas fusionné avec Meretz**, Balad*** n'a pas rejoint la liste commune. Les dispositions inverses n'auraient été que des analgésiques temporaires pour une maladie incurable. Même si tout cela ne s'était pas produit, rien du tableau général n'aurait été différent : la société qui est apparue ici est en partie religieuse et largement raciste, la haine des Arabes est son moteur principal et personne n’était là pour s'y opposer.

* premier ministre sortant.

** parti politique israélien de gauche.

*** Le Balad, acronyme hébreu pour Brit Le'umit Demokratit : Ligue démocratique nationale (arabe).

Ce qui s'est passé il y a deux jours n'a pas commencé il y a deux jours. C'est peut-être golda meir qui l’a initié, peut-être shimon peres, mais quoi qu'il en soit, aucun de leurs successeurs n'a essayé de faire autrement pour endiguer la marée. Avez-vous vraiment pensé que yair lapid, un droitier modéré et creux, rempli de bonnes intentions, était capable d'offrir une alternative à ben-gvir ? Quelle alternative ? Tuer en douceur ? Embrasser emmanuel macron ? Maintenant, israël a décidé qu'il préférait ne pas être doux quand il s'agit de tuer. Le prochain gouvernement évitera au moins de se saborder.

 

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Haaretz's top reads on Israel's fateful election

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For years, a rudderless left and center that lacks leadership and lacks courage has desperately attempted to grovel to and look like the right. It just had to end with Ben-Gvir and with the nationalist Shas. There was no other possible outcome.

For years, Israelis have been about the Chosen People, about the Holocaust after which anything is permitted, about the Arabs who want to throw us into the sea, about our right to the land because of the biblical stories, about the IDF as the world’s most moral army, about David versus Goliath, about Israeli Arabs as a fifth column, about the whole world being against us and that anyone who criticizes us is an antisemite. What did we think would arise out of all that? Ben-Gvir actually took his time. He could well have made his big splash a long time ago. That’s what happens when you have a Bolsonaro and no Lula facing him. That’s what happens when cries of “Death to the Arabs,” which will now be drilled at morning assembly in schools, were not met with a single cry of “Freedom for the Arabs.” That is where it began, this is where it ends.

 

Pendant des années, une gauche et un centre à la dérive, qui manquent de leadership et de courage, ont désespérément tenté de ramper devant la droite et de lui ressembler. Il fallait bien que cela se termine avec ben-gvir et avec le Shas nationaliste. Il n'y avait pas d'autre issue possible.

 

Pendant des années, les israéliens ont parlé du peuple élu, de l'Holocauste après lequel tout est permis, des Arabes qui veulent nous jeter à la mer, de notre droit à la terre en raison des récits bibliques, des FDI comme l'armée la plus morale du monde, de David contre Goliath, des Arabes israéliens comme une cinquième colonne, du monde entier qui est contre nous et que quiconque nous critique est un antisémite. Que pensions-nous qu'il pouvait ressortir de tout cela ? En fait, ben-gvir a pris son temps. Il aurait pu faire son grand saut il y a longtemps. C'est ce qui arrive quand vous avez un bolsonaro et pas de Lula en face de lui. C'est ce qui arrive lorsque les cris de " Mort aux Arabes ", qui seront désormais répétés dans les écoles lors du rassemblement matinal, n'ont pas été accueillis par un seul cri de " Liberté pour les Arabes ". C'est ainsi que ça a commencé & comme ça que ça se termine.

 

Voir aussi :

sur le site de l’Logo UJFP :

Note de situation sur les récents évènements en Palestine occupée

Note du 22 octobre 2022, donc antérieure, aux élections israéliennes. À propos du Waqf dont il est question dans ce texte, voir ICI

 

 

Voilà, cette annexe au Talus est terminée, merci de l’avoir lue & de diffuser l’adresse du site :

 

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PARA NOSOTROS NADA, PARA TODOS TODO

pour nous rien, pour tous tout

 

Tux au gilet jaune