Huit mois de prison pour une gifle

La militante israélienne qui a giflé le procureur d’Ahed Tamimi condamnée à huit mois de prison.
Carte Annexes

Téléchargement

Logo pdfLogo epub 


Israeli activist who slapped Ahed Tamimi’s prosecutor sentenced to eight months

Jerusalem court sentences Yifat Doron, who slapped the military prosecutor during Ahed Tamimi's trial, to eight months behind bars.

La militante israélienne qui a giflé le procureur d’Ahed Tamimi condamnée à huit mois de prison.

Le tribunal de Jérusalem a condamné  Yifat Doron à passer huit mois derrière les barreaux pour avoir giflé le procureur militaire pendant le procès d’Ahed Tamimi.

Source : +972

Oren Ziv By Oren Ziv May 13, 2020

 

Publié avec l’aimable autorisation de +972 MAGAZINE

Image6

Yifat Doron seen after her verdict in the Jerusalem Magistrate's Court, May 13, 2020. (Yonatan Sindel/Flash90)

Yifat Doron, après sa condamnation au tribunal de première instance de Jérusalem, le 13 mai 2020. (Yonatan Sindel/Flash90)

An Israeli court sentenced Israeli activist Yifat Doron to eight months in prison on Wednesday for slapping a military prosecutor during the trial of Ahed Tamimi in March 2018.

 

The incident took place during a sentencing hearing for Ahed’s mother, Nariman, who was arrested for filming her daughter slapping an Israeli soldier who had entered their yard during a demonstration in the Palestinian village of Nabi Saleh in 2017.

Doron, who was in Ofer Military Court on March 21, 2018 to support the women of the Tamimi family, approached military prosecutor Lt. Col. Issam Hamad at the end of the hearing, shouted “Who are you to judge her?” and slapped him. She was immediately arrested and released two days later. Doron refused any legal representation and did not sign any terms of release. On Wednesday, the Jerusalem Magistrate’s Court ordered her to pay NIS 3,000. She will begin serving her sentence on July 1.

 

 

Ahed and her mother were arrested in December 2017 after a video of Ahed slapping an Israeli soldier went viral. The incident took place a few hours after soldiers shot Ahed’s cousin, Mohammad Tamimi, in the head with a rubber bullet, shattering his skull. Shortly thereafter, soldiers showed up in the Tamimi family’s home. Ahed and her cousin Nur confronted the armed soldiers, after which Ahed slapped one of them while Nariman filmed the incident. Ahed, Nariman, and Nur each served eight months behind bars.

 

Nabi Saleh is one of several villages in the occupied West Bank that took part in weekly, unarmed protests against the occupation, particularly the takeover of the village spring by the nearby settlement of Halamish. A number of Nabi Saleh’s residents have been killed and many were wounded by Israeli soldiers during those demonstrations over the years.

 

In November 2019, the court convicted Doron of assaulting a public servant under aggravated circumstances. During the trial, Doron chose to represent herself and refused to respond to the accusations against her. Judge Aharon Cohen ruled that Doron committed the act to “interfere with the prosecutor’s role in the trial,” noting that her action was directed against the entire military prosecution.

“I will never regret the fact that I stood alongside my friends and acted according to my moral compass,” Doron said in a short statement she gave to the court in early May. “It is a badge of honor to join a list of women whom I respect and admire who have been convicted of violent crimes in the Zionist court.”

 

Un tribunal israélien a condamné mercredi (le 13 mai, NdTalus) la militante Yifat Doron à huit mois de prison pour avoir giflé un procureur militaire lors du procès de Ahed Tamimi en mars 2018.

 

L'incident s'est produit lors de la lecture de la sentence condamnant Nariman, la mère de Ahed, qui a été arrêtée pour avoir filmé sa fille en train de gifler un soldat israélien entré dans leur cour lors d'une manifestation dans le village palestinien de Nabi Saleh en 2017.

 

Doron, qui se trouvait au tribunal militaire d'Ofer le 21 mars 2018 pour soutenir les femmes de la famille Tamimi, s'est adressée au procureur militaire, le lieutenant-colonel Issam Hamad, à la fin de l'audience en lui criant : " Qui êtes-vous pour la juger ? " & l'a giflé. Elle a été immédiatement arrêtée & libérée deux jours plus tard. Doron a refusé toute représentation par un avocat & n'a signé aucune demande de libération conditionnelle. Mercredi, le tribunal de première instance de Jérusalem l’a condamnée à payer 3 000 NIS. Elle commencera à purger sa peine le 1er juillet.

3000 NIS (nouveau schekel israélien) correspondent à environ 780 € en mai 2020.

Ahed & sa mère ont été arrêtées en décembre 2017 après qu'une vidéo d'Ahed giflant un soldat israélien soit devenue virale. L'incident a eu lieu quelques heures après que des soldats aient tiré une balle en caoutchouc dans la tête de Mohammad Tamimi, cousin d'Ahed, lui brisant le crâne. Peu de temps après, les soldats se sont présentés au domicile de la famille Tamimi. Ahed & son cousin Nur ont affronté les soldats armés, c’est alors que Ahed a giflé l'un d'eux pendant que Nariman filmait la scène. Ahed, Nariman & Nur ont passé chacun huit mois derrière les barreaux.

 

Nabi Saleh est l'un des nombreux villages de Cisjordanie occupée qui ont participé à des manifestations hebdomadaires pacifiques contre l'occupation, en particulier contre le captage de la source du village par la colonie voisine de Halamish. Pendant des années, nombre d’habitants de Nabi Saleh ont été tués & beaucoup d’autres blessés par les soldats israéliens au cours de ces manifestations.

 

En novembre 2019, le tribunal a reconnu Doron coupable de voies de fait contre un fonctionnaire avec circonstances aggravantes. Pendant le procès, Doron a choisi de se représenter elle-même & a refusé de répondre aux accusations portées contre elle. Le juge Aharon Cohen a décidé que Doron avait commis cet acte pour " faire obstacle au rôle du procureur dans le procès ", estimant que son action était dirigée contre l'ensemble des tribunaux militaires.

 

" Je ne regretterai jamais le fait que je me sois tenue aux côtés de mes amis & que j'aie agi selon ma conscience ", a dit Doron dans une brève déclaration qu'elle a faite au tribunal début mai. " C'est un grand honneur de rejoindre une liste de femmes que je respecte & admire, & qui ont été reconnues coupables d’actions violentes par le tribunal sioniste ".

 

 

Image4

Nariman Tamimi (left), Bassem Tamimi (center) and Ahed Tamimi (right) seen in Nabi Saleh after Nariman and Ahed were released from Israeli prison, July 29, 2018. (Oren Ziv)

Nariman Tamimi (à gauche), Bassem Tamimi (au centre), & Ahed Tamimi (à droite) vus à Nabi Saleh après Nariman & Ahed leur libération de la prison israélienne, le 29 juillet 2018. (Oren Ziv)

At that hearing, Doron rejected Judge Cohen’s offer to sentence her to community service. Moreover, Atty. Efrat Filzer, who represented the military prosecution, claimed that the assault on Lt. Col. Issam Hamad at Ofer Military Court “was not accidental,” and was done because he is the head of the military prosecution in the West Bank. “The very act against him is in fact a challenge to the entire military system,” Filzer told the court. “The purpose here is to undermine and delegitimize the legal system.”

In the 12-page sentence, Judge Cohen referred to the political nature of Doron’s actions: “It is an error to treat the case before us as a routine one in which one person attacks another. The act must be viewed in the broader context as one that seeks to undermine the principles of government in the occupied territories and is intended to damage them.”

 

The judge added that “there can be no connection between violence and legitimate political protest” and that “such acts of political nihilism, which are intended to undermine the values of the state and its institutions, should be treated as a grave matter.” These things hold true, Cohen wrote, even if the act is “directed at the regime in the [West Bank.]”

In an interview last year, Doron said that she wasn’t trying to make a political statement when she slapped the Israeli officer: “The way I see it, this was in reaction to seeing my friend in distress.”

 

Lors de cette audience, Doron a rejeté l'offre du juge Cohen d’une condamnation à des travaux d'intérêt général. De plus, l'avocat Efrat Filzer, qui représentait l'accusation militaire, a affirmé que l'agression du lieutenant-colonel Issam Hamad au tribunal militaire d'Ofer " n'était pas accidentelle " & qu'elle avait été commise parce qu'il est procureur militaire en chef pour la Cisjordanie. " L'acte lui-même à son encontre est en fait un défi à l'ensemble du système militaire ", a déclaré Filzer au tribunal. " Le but ici est de saper & de délégitimer le système judiciaire. "

 

Dans les 12 pages de la sentence, le juge Cohen a fait référence au caractère politique des actions de Doron : " C'est une erreur de traiter l'affaire qui nous occupe comme une affaire de routine dans laquelle une personne en agresse une autre. L'acte doit être considéré dans un contexte plus large comme une action qui cherche à saper & à porter atteinte aux principes de gouvernement dans les territoires occupés ".

 

Le juge a ajouté " il ne peut y avoir aucun lien entre la violence & la protestation politique légitime " & que " de tels actes de nihilisme politique, qui visent à saper les valeurs de l'État & de ses institutions, doivent être traités comme un problème grave ". " Ceci reste vrai ", a écrit Cohen, même si l'acte est " dirigé contre le régime en Cisjordanie ".

 

Dans une interview l'année dernière, Doron a déclaré qu'elle n'essayait pas de faire passer un message politique lorsqu'elle a giflé l'officier israélien : " Pour ma part, c'était en réaction à la détresse visible de mon amie. "

 

Faut-il rappeler que l’occupation de la Cisjordanie par israël est illégale & de surcroît meurtrière ?

Pour compléter cet article, une photo de Mohammed Tamimi :

 Image7

Mohammed Tamimi, 15, was shot in the head with a rubber-coated bullet by the Israeli army shortly before the video of Ahed and Nur was filmed. (Activestills/Oren Ziv)

Mohammed Tamimi, 15 ans, touché à la tête par un tir de balle enrobée de caoutchouc de l’armée israélienne, peu de temps avant que la vidéo de Ahed & Nur soit filmée. (Activestills/Oren Ziv)

L’article complet d’où est extraite cette photo, en anglais (Months after shattering his skull, IDF arrests teen in pre-dawn raid : Des mois après lui avoir fracassé le crâne, les FDI arrêtent un adolescent lors d'un raid avant l'aube) est ICI.

Il se termine par :

+972 Magazine asked the IDF Spokesperson why Mohammed was arrested. No response was received by the time of publication. It will be added here if and when it is received.

Le magazine +972 a demandé au porte-parole des fdi pourquoi Mohammed avait été arrêté. Aucune réponse ne nous est parvenue avant la publication. Celle-ci sera ajoutée ici quand elle sera reçue si elle l’est.

 

NdTalus : pas le moindre ajout depuis le 26 février 2018...

fdi : forces de " défense " israéliennes ou encore tsahal : l’armée.

 

This article was first published in Hebrew on Local Call. Read it here.

Cet article a d’abord été publié en hébreu sur Local Call. À lire ici (en hébreu... oui, je sais, je me répète...)

Oren Ziv

Oren Ziv is a photojournalist, a founding member of the Activestills photography collective, and a staff writer for Local Call. Since 2003, he has been documenting a range of social and political issues in Israel and the occupied Palestinian territories with an emphasis on activist communities and their struggles. His reportage has focused on the popular protests against the wall and settlements, affordable housing and other socio-economic issues, anti-racism and discrimination struggles, and the struggle to free animals.

Oren Ziv est un photojournaliste, membre fondateur du collectif de photographie Activestills & rédacteur pour Local Call. Depuis 2003, il documente une série de questions sociales & politiques en israël & dans les territoires palestiniens occupés, en mettant l'accent sur les communautés de militants & leurs luttes. Ses reportages se sont centrés sur les manifestations populaires contre le mur & les colonies, les logements abordables & autres questions socio-économiques, les luttes contre le racisme & la discrimination, & celle pour la libération des animaux.

 

 

 

Voilà, cette annexe au Talus est terminée, merci de l’avoir lue & de diffuser l’adresse du site :

 

https://www.letalus.org

ou, plus simplement : letalus.org

 

… si vous en voyez l’intérêt.

 

Si vous souhaitez être tenues au courant des parutions du Talus, vous pouvez vous abonner (de préférence) via le flux RSS : Logo RSS ou envoyer un mèl à abonnements@letalus.org en précisant si vous souhaitez vous abonner ou vous désabonner. N’oubliez pas d’ajouter l’adresse courriel du Talus à votre carnet d’adresses pour éviter le classement en indésirables de ses messages.

Précision : l’abonnement RSS nécessite un greffon / une extension / un plugin dans votre navigateur, par exemple Feedbro pour Firefox, RSS Feed Reader pour Chromium / Chrome…

Avantages :

  1. à la différence des mèls, ça risque pas d’atterrir dans les pourriels, indésirables, spams…

  2. c’est anonyme.

  3. vous arrêtez ou reprenez l’abonnement instantanément, dès que vous le souhaitez.

Inconvénients :

  1. J’en vois pas, vous me les signalerez si vous en trouvez.

Le Talus est entièrement réalisé sous Linux (Mint 19.3 Cinnamon)  avec le système (libre) de publication pour l’Internet SPIP. Quand il y a lieu, les images sont éditées/modifiées avec GIMP (libre) (comme Tux, la mascotte Linux, avec un gilet jaune ci-dessous, par exemple)

 

PARA NOSOTROS NADA, PARA TODOS TODO

pour nous rien, pour tous tout

 

Tux au gilet jaune