Une femme politique admet enfin la signification réelle de la politique israélienne en matière de COVID

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Finally a Politician Admits What Israel's COVID Policy Really Means

Interior Minister Ayelet Shaked said the government plans 'to accept serious cases of COVID and accept deaths,' then apologized. But she was telling the truth: if things continue, Israel might see 100 deaths a day

Une femme politique admet enfin la signification réelle de la politique israélienne en matière de COVID

La ministre de l'intérieur, Ayelet Shaked, a déclaré que le gouvernement prévoyait " d'accepter les cas graves de COVID et d'accepter les décès ", puis a présenté des excuses. Mais elle a dit la vérité : si la situation se prolonge, israël pourrait connaître 100 morts par jour.

Source : Haaretz le 12 août 2021 à 11 h 45

Ronny Linder

 

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A health care worker and several patients at the coronavirus ward at Herzog Medical Center in Jerusalem, in July.Credit: Ohad Zwigenberg

Un soignant et plusieurs patients dans le service des coronavirus du centre médical Herzog à Jérusalem, en juillet. Photo : Ohad Zwigenberg

 

On Tuesday night we finally witnessed a rare, pure moment of truth: “We’ve made a decision that wasn’t simple but strategic, to live alongside the coronavirus, with the understanding that there are vaccines. To accept serious cases of the disease and to also accept deaths, because this is a pandemic and in a pandemic people die,” Interior Minister Ayelet Shaked said, in an interview with Channel 13 News.

It’s too bad that Shaked hastened to apologize after her remarks drew criticism, because finally someone was looking the public straight in the eye and telling it the truth without trying to make it pretty. She was right. The government’s unwillingness to impose major restrictions, its decision to leave the economy almost totally open and Ben-Gurion Airport pretty open until recently, its determination to open the school year on September 1, even though this is expected to cause around 5,000 new cases among children per day – all this will mean a lot of seriously ill people and a lot of death.

 

 

How many exactly? We learned the government’s estimates on Wednesday. Based on the current infection coefficient, within a week there will be 1,200 patients hospitalized, half of them in serious condition; the following week this number will double, with 2,400 hospitalized and 1,200 seriously ill, and by September 10 we will see numbers we’ve never seen before – 4,800 hospitalized and 2,400 seriously ill. Of course, there will also be tens of thousands of other cases, ranging from the asymptomatic, through those mildly sick and who can wait out the illness at home, to those who might have a harder time and will need some support from their HMO.

 

Mardi soir, nous avons enfin assisté à un rare et pur moment de vérité : " Nous avons pris une décision qui n'était pas simple mais stratégique : celle de vivre aux côtés du coronavirus, tout en sachant qu'il existe des vaccins. Accepter les cas graves de la maladie et accepter aussi les décès, parce qu'il s'agit d'une pandémie et que, dans une pandémie, des gens meurent ", a déclaré la ministre de l'intérieur Ayelet Shaked, dans une entrevue accordée à Channel 13 News.

 

Il est dommage que Shaked se soit empressée de s'excuser après que ses remarques aient suscité des critiques, car enfin quelqu'un regardait la population droit dans les yeux et lui disait la vérité sans essayer de l’enjoliver. Elle avait raison. Le refus du gouvernement d'imposer des restrictions majeures, sa décision de laisser l'économie presque totalement ouverte et l'aéroport Ben-Gourion presque entièrement ouvert jusqu'à récemment, sa détermination à maintenir le début de l'année scolaire le 1er septembre, même si l’on s’attend à ce que cela cause environ  5 000 nouveaux cas par jour chez les enfants - tout cela signifie beaucoup de personnes gravement malades et beaucoup de morts.

 

Combien exactement ? Nous avons appris mercredi les estimations du gouvernement. Sur la base du coefficient de contamination actuel, dans une semaine, il y aura 1 200 patients hospitalisés, dont la moitié dans un état grave ; la semaine suivante, ce nombre doublera, avec 2 400 hospitalisés et 1 200 gravement malades, et le 10 septembre, nous verrons des chiffres jamais vus auparavant - 4 800 hospitalisés et 2 400 gravement malades. Bien sûr, il y aura aussi des dizaines de milliers d'autres cas, allant des asymptomatiques aux personnes légèrement malades qui peuvent attendre la fin de la maladie chez elles, en passant par celles qui risquent de connaître plus de difficultés et qui auront besoin du soutien de leur organisme d'assurance maladie.

 

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Yamina lawmaker Ayelet Shaked in a press conference, May 2020. Credit: Ohad Zwigenberg

La députée du parti yamina  Ayelet Shaked lors d’une conférence de presse en mai 2020. Photo : Ohad Zwigenberg.

 

 

The government’s plan is to “accept” this extreme situation by adding 300 more slots for doctors, 1,500 more jobs for nurses, and 600 more paramedical workers, with help from 3,000 students and army paramedics. Moreover, around half of patients who require hospitalization, including those in serious condition, will remain at home, to be cared for by a family member and a nursing and medical team.

 

Le plan du gouvernement consiste à " accepter " cette situation extrême en ajoutant 300 postes supplémentaires de médecins, 1 500 postes supplémentaires d'infirmiers et 600 postes supplémentaires de travailleurs paramédicaux, avec l'aide de 3 000 étudiants et paramédicaux de l'armée. En outre, environ la moitié des patients nécessitant une hospitalisation, y compris ceux dont l'état est grave, resteront à domicile, où ils seront pris en charge par un membre de leur famille et une équipe médicale et infirmière.

 

 

This plan raises a lot of questions about the quality of care the thousands of expected seriously ill patients will receive, about how exactly these new job slots will be filled, and what the level of medical training those providing care will have. It’s true that thousands of nurses will be finishing their training in the coming months, and there are quite a few doctors waiting for residencies who can fill these posts, but physicians and nurses with intensive care training are not exactly an off-the-shelf product, and nurses finishing school don’t acquire overnight the experience and skills to deal with seriously ill.

 

Regarding home hospitalization, Israel has relatively extensive experience with this, but not at a scope that is even close to the government’s plan. If the HMOs have taken on the task, they presumably don’t plan to fail, but with all due respect, the public ought to know that they have no real experience in dealing with such a huge operation. The ultra-Orthodox model, which apparently kept hundreds of Haredim at home with oxygen machines and private doctors who provided them with medication and occasional support, certainly eased hospital congestion during the third wave, but it was never examined for how effective it was in saving the patients’ own lives.

 



Then there’s the issue no one is talking about: the number of deaths. It’s almost impossible to accurately estimate how many deaths we will suffer under this model, partly because experience from previous waves, and especially from the third wave, showed that once the number of seriously ill patients increases, the quality of treatment is impaired and mortality increases. In addition, it is known that vaccinated people who become seriously ill survive in higher percentages than the unvaccinated, but nevertheless, if we make a conservative calculation based on the deaths among the seriously ill during the third wave (around 30 percent) and adjust this ratio slightly due to the vaccine advantage, we still end up at nearly 100 deaths a day, under the extreme scenario of 2,400 seriously ill patients. To compare, at the height of the third wave there were around 1,200 seriously ill patients, with some 170 new seriously ill patients a day and an average of 48 deaths per day.

 

Ce plan soulève de nombreuses questions sur la qualité des soins que recevront les milliers de patients gravement malades attendus, sur la manière exacte dont ces nouveaux postes seront pourvus et sur le niveau de formation médicale des soignants. Il est vrai que des milliers d'infirmières achèveront leur formation dans les mois à venir et qu'un certain nombre de médecins en attente d'internat pourront occuper ces postes, mais les médecins et les infirmières ayant une formation en soins intensifs ne sont pas exactement les plus courants, et les infirmières qui terminent leurs études n'acquièrent pas du jour au lendemain l'expérience et les compétences nécessaires pour s'occuper de malades gravement atteints.

 

En ce qui concerne l'hospitalisation à domicile, israël a une expérience relativement importante en la matière, mais pas à un niveau qui soit proche du plan gouvernemental. Si les organismes d'assurance maladie ont accepté de prendre en charge de cette tâche, et ils n'ont probablement pas l'intention d'échouer, mais, avec tout le respect que je leur dois,il faut savoir qu'ils n'ont aucune expérience réelle de la gestion d'une opération aussi énorme. Le modèle ultra-orthodoxe, qui a semble-t-il permis à des centaines de Haredim de rester chez eux avec des machines à oxygène et des médecins privés qui leur fournissaient des médicaments et un soutien occasionnel, a certainement permis de désengorger les hôpitaux pendant la troisième vague, mais son efficacité pour sauver la vie des patients n'a jamais été étudiée.

Haredim : juifs ultra-orthodoxes, voir Wikipédia.

Il y a ensuite la question dont personne ne parle : le nombre de morts. Il est presque impossible d'estimer avec précision le nombre de décès que nous connaîtrons dans le cadre de ce modèle, notamment parce que l'expérience des vagues précédentes, et en particulier celle de la troisième, a montré que lorsque le nombre de patients gravement atteints augmente, la qualité du traitement est altérée et la mortalité augmente. En outre, on sait que e pourcentage de personnes vaccinées gravement malades qui survivent est plus élevé que celui des non vaccinées, mais néanmoins, si nous faisons un calcul prudent sur la base des décès parmi les cas graves au cours de la troisième vague (environ 30 %) et que nous ajustons légèrement ce ratio en raison du bénéfice dû à la vaccination, nous arrivons toujours à près de 100 décès par jour, dans le scénario extrême de 2 400 patients gravement atteints. À titre de comparaison, au plus fort de la troisième vague, il y avait environ 1 200 patients gravement malades, avec quelque 170 nouveaux malades graves par jour et une moyenne de 48 décès journaliers.

 

 

  • israël s'apprête à accueillir 4 800 patients hospitalisés dans le cadre du programme COVID, dont la moitié dans un état grave.

  • La rhétorique israélienne sur le COVID devient sinistre, reflétant un réel problème.

  • israël prévoit que la moitié des nouveaux cas de COVID seront des enfants d'ici la rentrée scolaire.

 

Let’s take a chance and assume that we will not get to that extreme scenario in the end. Long before we reach those catastrophic numbers of seriously ill cases and deaths, it’s likely that the public will change its behavior or the government will break and impose significant restrictions or a lockdown. Or perhaps a more optimistic scenario will come true, and the third dose will start to bear fruit. Combined with the huge accumulating number of those who’ve recovered from COVID-19, perhaps we will eventually see a downtrend in the number of new cases.

Either way, it’s important to give the public the full story: The State of Israel is embarking on an adventure that will take the lives of many people and cause damage to many others' health, and is doing so rather recklessly. Ayelet Shaked was the only one who put it all out on the table.

 

Acceptons l’hypothèse et supposons que nous n'arriverons pas à ce scénario extrême en fin de compte. Bien avant que nous n'atteignions ces chiffres catastrophiques de cas de maladies graves et de décès, il est probable que la population changera de comportement ou que le gouvernement   décidera d’imposer des restrictions importantes ou un confinement. Ou peut-être qu'un scénario plus optimiste se réalisera, et que la troisième dose commencera à porter ses fruits. Si l'on ajoute à cela l'énorme quantité de personnes qui se sont remises du COVID-19, peut-être verrons-nous finalement une tendance à la baisse du nombre de nouveaux cas.

Quoi qu'il en soit, il est important de rendre publique la version complète : L'État d'israël se lance dans une aventure qui va coûter la vie à de nombreuses personnes et nuire à la santé de beaucoup d'autres, et il le fait plutôt imprudemment. Ayelet Shaked est la seule à avoir mis tout cela sur la table.

 

Z’allez dire que je cherche la p’tite bête mais, tout de même, il manque un petit quelque chose à cet article :

selon Wikipédia, la population israélienne est de 9,3 millions d’habitantes & en temps " normal " &  le taux de mortalité d’environ 5‰ (un poil plus mais on va pas chipoter) ce qui correspond à 127 décès par jour (je vous passe la virgule...). Une question se pose alors : les 48 morts attribués au covid ou les 100 " prévus " s’ajoutent-ils aux 127 ou n’en sont-ils qu’une partie ?

En d’autres termes entre 127 & 227, combien de morts journalières ? Dans l’article, rien ne permet de le préciser mais on sait par ailleurs que les décès sont le plus souvent associés à une ou des comorbidités, alors ?…

 

Voilà, cette annexe au Talus est terminée, merci de l’avoir lue & de diffuser l’adresse du site :

 

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… si vous en voyez l’intérêt.

 

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PARA NOSOTROS NADA, PARA TODOS TODO

pour nous rien, pour tous tout

 

Tux au gilet jaune